L’année tablette

Après le lancement des applications tablette des journaux Les Affaires et The Gazette un peu plus tôt cette année et Le Devoir pas plus tard qu’hier, voilà que La Presse annonce ce matin avoir conclu une entente qui permettra au quotidien torontois de développer une édition numérique pour tablette basée sur la plateforme technologique d’information de La Presse+.

 Par Hélène Roulot-Ganzmann

En entrevue avec ProjetJ il y a tout juste un an, le président et éditeur de La Presse, Guy Crevier, révélait avoir déposé toute une batterie de brevets, afin que la plateforme de La Presse+ puisse être adaptée à d’autres salles de nouvelles. Dans un même élan, il confiait également avoir des contacts déjà assez poussés avec des rédactions aussi bien en Europe, qu’aux États-Unis ou encore dans le reste du Canada.

Interrogé, toujours par ProjetJ, à l’occasion des un an de la version tablette du quotidien montréalais de Gesca en avril dernier, Pierre Delagrave, partenaire fondateur de Cossette et président du conseil de Vision7 Média, confirmait que les annonceurs s’étaient laissés séduire par La Presse+, ajoutant cependant un petit bémol. Selon lui, pour que le modèle d’affaires reste pérenne, il fallait que d’autres médias emboitent le pas. Ainsi les annonceurs pourraient rentabiliser l’investissement supplémentaire que demande la création des publicités natives.

Et bien, voilà qui est fait! Ce matin, La Presse annonce en effet avoir conclu une entente avec le Toronto Star, qui dès la rentrée prochaine, déclinera sa marque via une application tablette utilisant la technologie développée par La Presse+.

Le Devoir, Postmedia et Les Affaires

Et un de plus, pourrions-nous dire.

Ainsi, cette annonce survient au lendemain de l’arrivée dans le paysage québécois de la version tablette du journal Le Devoir. Développée depuis plusieurs mois, annoncée d’abord pour le printemps, puis pour la rentrée, l’application peut désormais être téléchargée gratuitement aussi bien sur iPad que sur Androïd.

Du côté de la rue de Bleury, on ne parie cependant pas uniquement sur les revenus publicitaires pour faire vivre le contenu. Dans un article paru hier, le directeur de la publication, Bernard Descôteaux explique avoir, tout comme sur son site internet, opté pour une version payante afin de garantir une indépendance éditoriale.

«Dans notre cas, l’appui que nous apportent les lecteurs par leur abonnement ou l’achat en kiosque est essentiel, écrit-il. La qualité de l’information au Devoir ne se conçoit tout simplement pas sans une totale indépendance éditoriale, laquelle nous vient d’abord des lecteurs.»

Le contenu sera cependant gratuit pour tout le monde jusqu’au 8 décembre. Ensuite, il faudra être abonné pour avoir accès aux textes et au contenu enrichi (informations complémentaires, références liens vers d’autres sources d’information, vidéos, galeries photo, etc.), ou acheter l’édition du jour.

Rajeunir le lectorat

2014 aura donc été sans conteste l’année tablette, au Canada en général et au Québec en particulier. Ainsi, en juin dernier, c’était au tour de l’hebdomadaire Les Affaires d’adopter cette plateforme. Puis le groupe Postmedia s’est lui-aussi lancé dans l’aventure, d’abord au printemps avec l’Ottawa Citizen, puis à la fin du mois dernier avec The Gazette, qui a d’ailleurs changé d’identité pour l’occasion en devenant Montreal Gazette. Tous ont opté pour un modèle payant.

Ces différents lancements s’inscrivent dans le contexte de crise que vivent tous les médias de la planète, couplé à la révolution technologique qui traverse toute la société. Mais si Gesca a clairement annoncé vouloir en finir avec les versions papiers de ses journaux, tout en remettant aux calendes grecques l’intégration des quotidiens régionaux à la plateforme La Presse+, les autres n’envisagent pas pour l’instant de solution aussi radicale.

Quoi qu’il en soit, tous espèrent parvenir à rajeunir leur lectorat grâce à ce nouvel outil, condition sine qua non à leur survie.

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