Au risque de vous informer: un webdocumentaire sur le journalisme de guerre

Capture2Dans le cadre de leur mémoire de fin d’études, deux étudiants de l’Institut des hautes études des communications sociales (IHECS) de Bruxelles, la capitale belge, ont réalisé un webdocumentaire fort renseigné sur la sécurité des journalistes en zone de conflit, et les moyens dont ils disposent pour se préparer selon qu’ils sont indépendants ou envoyés par leur salle de nouvelles. Un travail des plus instructifs.

Par Hélène Roulot-Ganzmann – @roulotganzmann

Syrie, Irak, Lybie, Palestine, Égypte… ces dernières années ont été particulièrement meurtrières pour les journalistes partis couvrir des zones de guerre ou de très hautes tensions. Afin de minimiser les risques, sans pouvoir aller jusqu’à les anéantir, une seule recette: bien se préparer avant le départ, bien s’équiper, s’entourer et se comporter sur le terrain, et débriefer.

Ces différentes étapes, Élise Feron et Christophe Reyns, deux finissants de l’IHECS, école de journalisme belge, les ont décortiquées et les livrent aux internautes par le biais d’un webdocumentaire à la fois instructif et immersif et intitulé Reporter de guerre: au risque de vous informer. Les apprentis journalistes tirent admirablement parti de cette technologie, d’autant que les intervenants choisis sont tous très pertinents.

Du journaliste qui veut partir l’esprit le plus libre possible au point d’appeler son médecin avant de prendre l’avion pour annuler un rendez-vous et de payer ses factures en souffrance, au matériel de protection (gilets pare-balles, casques, masques à gaz), devenus le quotidien des reporters de guerre mais qui trop lourd, peut devenir un véritable handicap, en passant par le sort des journalistes indépendants, de plus en plus nombreux en zone de conflits mais bien souvent à leurs risques et périls… tout y passe.

Mises en situation

La plus grande partie du webdocumentaire porte cependant sur les formations aux environnements hostiles. À Collioure, dans le sud de la France, avec l’armée française et à Londres, les deux journalistes en herbe ont pu couvrir ces exercices de mise en situation. Premiers soins, check-points, prise d’otage, interrogatoire musclé, reportage sous haute tension, tout ce qui peut arriver de dramatique sur le terrain est reconstitué et des conseils sont donnés. On apprend notamment que si un convoi est pris pour cible et qu’il faut descendre du véhicule, mieux vaux s’abriter derrière les essieux et le moteur plutôt que la portière.

«L’expérience est marquante, note les auteurs. Durant l’interrogatoire, les journalistes semblaient, pour la plupart, fébriles face aux cris de leurs agresseurs. La mise en scène est d’un réalisme troublant. Les «otages» se voient soulagés de leurs papiers, téléphones, sac à dos, et subissent un interrogatoire. D’après le capitaine en charge du stage, les journalistes sont loin de rester insensibles à la formation. Si bien que certains se demandent même parfois s’ils veulent vraiment tenter l’expérience du reportage en zone de conflit.»

Entre pression et passion

De plus en plus de journalistes suivent ce genre de formations. Tous les reporters de la BBC qui souhaitent partir en zone de conflits y sont d’ailleurs contraints par exemple. L’armée, qui emmènent parfois des journalistes avec elle, voient également d’un bon œil que les journalistes sachent comment se comporter en cas de problème, car il en va de la sécurité du groupe.

Reste qu’encore une fois, les journalistes indépendants sont souvent les laisser pour compte, n’ayant pas les moyens, en temps et en argent, de ce payer ce «luxe».

Un webdocumentaire très tendu et qui donne à comprendre toute la pression que peuvent ressentir les reporters de guerre sur le terrain. La pression, mais également la passion. Pour preuve, cette citation qui conclut le webdoc:

«Il ne faut pas commettre l’erreur de croire que le journalisme de guerre va cesser parce que c’est dangereux. Ce ne sera pas le cas.»

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