Les grands dossiers qui ont occupé la FPJQ cette année

indexÀ dix jours du congrès de Québec, ProjetJ dresse le bilan des actions de la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ). Une année sous le signe de la liberté d’expression et de l’accès à l’information. Une année marquante également en région.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

En interne, l’année qui s’achève à la FPJQ a surtout été marquée par la démission de son président Pierre Craig en janvier, pour raisons de santé. Démission qui a propulsé à l’avant-scène Lise Millette, vice-présidente fraichement élue au congrès de Saint-Sauveur l’an dernier, devenue statutairement, présidente.

«Le défi n’était pas gagné d’avance, avoue celle qui se présente devant ses collègues ces jours-ci pour leur demander de lui renouveler sa confiance à la tête de leur regroupement. Il y a eu tout un apprentissage. Heureusement, je gravite autour de la FPJQ depuis des années. Je suis au CA depuis 2008, je suis passée par tous les postes ou presque. J’ai également dirigé le Trente. Bref, je connaissais les dossiers.»

Lise Millette reprend donc les rênes de la fédération au début de l’année, quelques jours seulement après l’un des événements les plus marquants que la profession ait eu à vivre ces dernières années, à savoir l’attentat dans les locaux parisiens du journal satyrique Charlie Hebdo, faisant onze morts dont huit membres de la rédaction.

La lutte en faveur de la liberté de presse était l’un des dossiers que défendait avec pugnacité Pierre Craig depuis son arrivée fin 2013, dénonçant un à un tous les cas d’entraves à l’information, mais le choc de cette attaque va en faire la grande bataille de l’année.

#Freinalinfo

Au printemps, est alors lancé, de l’initiative de quelques membres de la fédération notamment en région, là où les entraves sont les plus fortes, le mot-clic #freinalinfo.

«Il s’agit de faire remonter tous les cas d’entraves qui jusque-là n’étaient pas dénoncés, explique la présidente sortante. Traditionnellement, la fédération publie des prises de position lorsqu’il y a des cas flagrants, mais il y avait tout un tas de cas moins flamboyants et on trouvait dommage qu’ils ne soient pas répertoriés. Aujourd’hui, ils remontent et il y a toute une gang de journalistes bénévoles qui les analysent et publient des rapports. Ça permet, en tant que professionnel de l’information, tout seul sur son terrain, comme c’est de plus en plus le cas en région, de se sentir moins isolé.»

Donner le ton, clamer haut et fort qu’il y a des comportements qui sont inacceptables, que l’information est d’intérêt public et que les «petits roitelets» dans leur hôtel de ville ne peuvent pas en empêcher la diffusion. Donner confiance aux journaliste pour répliquer, tout en éduquant les pouvoirs publics.

Pas facile cependant quand de plus en plus de voix s’éteignent en région. Quand les compressions à Radio-Canada ont fait en sorte de réduire le temps de nouvelles régionales. Quand le rachat des hebdomadaires de Quebecor par TC Média a fait en sorte de tuer la concurrence et a mené à la fermeture de plusieurs journaux. Les rédactions sont de plus en plus petites. Un, deux, trois journalistes dans le meilleur des cas.

«Autant dire que la carapace contre les pouvoirs publics est bien mince, regrette Mme Millette. Mais heureusement, il n’y a pas que des mauvaises nouvelles en région.»

Dans le lot des bonnes nouvelles, la FPJQ souligne l’arrivée de nouveaux joueurs tels que Néomédia, Tag.media, et surtout le groupe Capitales Médias, propriété de l’ex-ministre libéral Martin Cauchon, qui a racheté au printemps les six quotidiens régionaux de Gesca.

«C’est une véritable bouffée d’air frais, estime la présidente. Nous étions très inquiets. On se demandait comment les régionaux allaient intégrer La Presse+, on voyait poindre, au mieux, de nombreux licenciements… Le rachat, la signature des conventions collectives et le lancement des applications pour tablette, tout cela en quelques mois, nous laissent croire que le nouveau propriétaire a une réelle volonté de maintenir une présence régionale forte.»

Accès à l’info

Une bonne nouvelle pour la diversité de la presse. Une bonne nouvelle également dans un autre dossier fort défendu durant l’année par le conseil d’administration de la FPJQ, celui du renouvellement de la loi sur l’accès à l’information.

Au dernier congrès à Saint-Sauveur l’an dernier, le ministre Jean-Marc Fournier était venu défendre ses orientations devant des journalistes visiblement peu convaincus que les changements feraient vraiment une différence quand viendrait le temps de tenter d’obtenir un document auprès d’une administration municipale, d’un ministère ou d’un organisme gouvernemental.

La FPJQ a ensuite pu potasser le texte des orientations gouvernementales, déposer un mémoire durant l’été et venir le défendre en commission parlementaire à la rentrée.

«Tout n’était pas mauvais dans les orientations, rassure Lise Millette. Nous accueillons par exemple avec satisfaction la volonté d’assujettir d’autres organisations telles que les paramunicipales. La création de tels organismes, dans certains cas, permettaient tout simplement aux maires de contourner la loi. Mais nous avons quelques inquiétudes cependant, notamment sur la notion d’espace privé, qui pourrait s’avérer être un frein à l’accès à l’information. C’est très bien aussi de vouloir augmenter les amendes en cas de manquement… mais jusque-là, les condamnations n’ont pas été appliquées. Est-ce que ça le sera plus? Comme toujours, le diable se cache dans les détails.»

Le projet de loi devrait être rendu public courant 2016. Aucun doute donc que ce sera un dossier à suivre de très près par le prochain président de la fédération.

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La semaine prochaine, ProjetJ dressera le portrait des deux candidats à la présidence de la FPJQ, la sortante Lise Millette d’un côté, et Jean-Philippe Cipriani de l’autre. Tous deux sont d’ex-rédacteurs en chef de ProjetJ.

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