100 personnalités pour soutenir le journalisme scientifique

L’Agence science presse lance ce matin une campagne sur les réseaux sociaux pour démontrer toutes la pertinence du journalisme scientifique. 100 personnalités du monde de la politique, des arts et de la culture, de la communication, des médias et bien sûr, de la science vont se succéder durant une cinquantaine de jours pour clamer leur appui à la science.

 Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

 «En aventure, la rumeur tue, les faits nous gardent vivants.» Et c’est l’aventurier Frédéric Dion qui le dit. Lui qui est passé si près de la mort lors de son expédition dans l’Antarctique en 2014.

!cid_BC6ABBE7-3EC5-496E-84DB-5BA05FCD014DComme lui, une centaine de personnalités vont donc se servir du hashtag #100lascience pour révéler leur attachement au journalisme scientifique. L’animateur Jean-René Dufort ouvre le bal ce matin, puis ce sera au tour de la physicienne Pauline Gagnon un peu plus tard aujourd’hui. Pierre Chastenay, Julie Payette, Matthieu Dugal, Réjean Hébert, Pascale Lehoux, Damien Constandriopoulos, Nicolas Boisclair, Patrick White, Richard Béliveau, Michel Venne, Judith Lussier, Normand Baillargeon, Robert Lamontagne ou encore David Suzuki suivront durant la première semaine. Et encore d’autres, plus ou moins connus, scientifiques ou issus d’un tout autre milieu. Tous ayant la certitude que le monde serait moins compréhensible s’il n’y avait pas de journalistes scientifiques.

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Des messages illustrés par le dessinateurs Jacques Goldstyn, qui lui-même s’est fendu d’une déclaration, et qui seront diffusés à raison de deux par jour.

!cid_93E1CC5F-43CA-40D3-BB0B-FD5393B75F27Contrer la désinformation

«Le journalisme scientifique est mal en point au Québec, rappelle la directrice générale de l’Agence science presse, Josée Nadia Drouin. La couverture de la science dans les médias baisse de manière drastique. L’an dernier, on est passé tout proche de fermer nos portes. On a remonté nos manches, on a trouvé de nouvelles sources de revenus et le ministère nous a finalement renouvelé son soutien financier pour trois ans. N’empêche, on a eu très peur et nous nous sommes dits que le moment était venu, vu le contexte actuel – notre sursis, la crise des médias en général et la désinformation qui se propage à vitesse grand V sur les réseaux sociaux – de lancer une campagne pour démontrer toute la pertinence du journalisme scientifique.»

«Les sujets scientifiques sont complexes, ajoute Brite Pauchet, chargée de la campagne et elle-même journaliste scientifique. Il y a tout un travail de recherche et de compréhension du dossier et du contexte. Il faut digérer des sommes d’informations pour ensuite parvenir à les vulgariser. Ça prend du temps et peu de médias acceptent aujourd’hui de le prendre. Pourtant, la science est partout dans la société. Qu’on parle d’OGM, de vaccination, de changements climatiques, de banque de gènes, etc. Ce sont des thèmes qui font peur et qui peuvent être récupérés. S’il n’y a pas de journalistes scientifiques pour les expliquer et mettre de l’avant les sources crédibles, à qui le public peut-il se fier pour faire la part du vrai et de la désinformation?»

L’Agence science presse travaille depuis le mois de novembre sur cette campagne et a mis une dizaine de bénévoles sur le coup pour aller chercher les déclarations des personnalités. Au départ, tous avaient un peu peur de l’aspect répétitif qu’aurait pu prendre l’exercice mais alors que presque tous les messages sont aujourd’hui rentrés, ils sont étonnés de la diversité des réponses.

«Chacun y met sa touche personnelle, raconte Brite Pauchet. Ce sont des bijoux qu’ils nous ont offerts. C’est très inspirant.»

!cid_4C5C2BB7-228E-43F7-9A91-3B6058567945Campagne de socio-financement

Un deuxième volet de la campagne débutera le 2 mai prochain sous la forme d’une campagne de socio-financement. L’objectif: recueillir des fonds afin de pouvoir payer un journaliste scientifique dédié à la vérification des faits. L’idée est donc de démarrer avec les déclarations pour mobiliser le grand public pour le convaincre de la nécessité de soutenir le journalisme scientifique… financièrement aussi.

«Il s’agira de faire des sujets un peu sur le modèle des décodeurs du journal Le Monde, de l’Inspecteur viral à Métro ou dans une certaine mesure, du Pharmachien, explique Mme Drouin. Avec toute la désinformation que l’on trouve sur le web, les sujets ne manqueront pas. Rien qu’en levant 5 000 dollars, on pourrait réaliser un texte par mois. Et comme nous sommes une agence de presse, nous espérons bien qu’il sera repris par nos clients et qu’il atteindra donc le plus large public possible.»

Car Mmes Drouin et Pauchet ne doutent pas, non seulement de la nécessité de l’exercice, mais encore de l’intérêt du public. À plusieurs reprises déjà, les textes de l’Agence science presse ayant pour objectif de démêler le vrai du faux sur des sujets aussi sensibles que l’accueil des réfugiés syriens et son supposé lien avec le terrorisme, ou encore l’inefficacité de l’homéopathie, ont été largement partagés et commentés.

La campagne de socio-financement démarrera le 2 mai pour prendre fin en même temps que la diffusion biquotidienne des déclarations, le 3 juin prochain.

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