Poser un regard scientifique sur les grandes questions d’actualité

marie_7851Il y a du sang neuf chez Québec Science. Après vingt-deux ans à tenir la barre, Raymond Lemieux est parti vers de nouvelles aventures. Et c’est Marie Lambert-Chan qui en a repris la rédaction en chef. En poste depuis trois mois, elle livre à Projet J ses premières impressions et sa vision pour le magazine.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

«C’est sûr que ce sont de gros souliers à chausser, amorce-t-elle. On postule sur ce genre de position parce qu’on pense qu’on a les qualités et l’expérience pour relever le défi. Et puis, lorsque qu’on reçoit la réponse, ça donne quand même un peu le vertige. Mais j’ai une équipe fantastique qui m’a beaucoup aidée à prendre les choses en main. Je m’estime vraiment chanceuse.»

Une petite équipe composée de la nouvelle rédactrice en chef donc, de deux reporters d’un directeur artistique et de toute une gang de pigistes. Une équipe motivée à mener le magazine plus loin.

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«Les trois derniers mois m’ont permis de regarder la situation de près, raconte-t-elle. La bonne nouvelle, c’est que nous avons une forte crédibilité. Nous fêterons nos 55 ans en 2017, ce qui fait de nous le doyen des magazines scientifiques au Canada. C’est une longévité exceptionnelle et pour les gens qui nous connaissent, c’est indéniable, nous sommes une source d’information crédible et intéressante. Je vais pouvoir construire sur cet héritage. La moins bonne nouvelle, c’est que nous avons un déficit de visibilité criant.»

Aller chercher les 30-55 ans

La jeune rédactrice en chef explique que si le magazine est lu dans les collèges et les universités, puis par les plus de 55 ans, toute la zone qui se situe entre les deux reste à aller chercher. C’est à cela qu’elle compte s’atteler dans la prochaine année. En allant notamment plus et mieux sur leur terrain, le numérique et les médias sociaux. En ouvrant aussi le sujets.

«Oui, notre mission, c’est de traiter les sujets d’actualité dans les domaines de la science et des technologies, assume-t-elle. Mais c’est aussi de poser un regard scientifique sur les grandes questions d’actualité. Prenons l’exemple des élections américaines. Dans notre prochain numéro, on va parler du fait que la boule de cristal des politologues est aujourd’hui brisée. Que les modèles statistiques en science politique ne tiennent plus devant un Donald Trump. Que c’est une anomalie pour eux.»

Mme Lambert-Chan ne minimise pas non plus le défi des revenus dans un contexte, comme ailleurs dans l’industrie, de réduction des rentrées publicitaires. Raison de plus pour aller chercher un nouveau lectorat. Mais là encore, le contexte n’aide pas.

«Il y a de moins en moins de points de vente, regrette-t-elle. Moins de kiosques, des magasins comme Renaud Bray qui ferment  la porte aux magazines, d’autres qui réduisent leur espace. Ça n’aide pas.»

Chef d’orchestre

Malgré cela, elle prend son poste avec enthousiasme, certaine du rôle que le journalisme scientifique doit jouer dans la société. En cela, elle travaille avec les autres médias scientifiques et appuie les différentes actions mises en place tout au long de l’année.

Certaine également d’être à la bonne place. La rédaction en chef? Elle y a goûté lorsqu’elle finissait ses études en communication à l’Université du Québec à Montréal (Uqàm) alors que le temps d’une session, elle a dirigé la salle de nouvelles du Montréal Campus. Le journalisme scientifique? Durant six ans, elle a fait partie de la rédaction de Forum, le journal de l’Université de Montréal, et à ce titre, elle a côtoyé nombre de scientifiques et dû vulgariser un certain nombre de thèses et autres publications pas toujours très simples à rendre compréhensibles par le commun des mortels. Elle en est repartie avec un carnet d’adresses enviable. Retournée au journalisme indépendant depuis quelques années, elle a régulièrement collaboré à Québec Science et avait beaucoup discuté de son avenir avec l’équipe. Sans même savoir ce que Raymond Lemieux avait derrière la tête.

«Je me vois aujourd’hui comme un chef d’orchestre, indique-t-elle. Je donne le la, tout en tenant compte de tous les talents dont je suis entourée. Composer avec les idées de tout le monde avec pour objectif le fait que tout le monde soit fier des efforts fournis. Bref, faire le meilleur magazine scientifique possible.»

(((Photos Québec Science)))

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