Bientôt des bourses pour couvrir l’international?

Un petit groupe de journalistes travaille à mettre en place un Fonds québécois en journalisme international afin d’envoyer plus de reporters d’ici, sur le terrain ailleurs dans le monde.

 Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

Les années se suivent et se ressemblent au Québec en matière de journalisme international. D’après le bilan 2016 de la firme Influence Communication, les informations internationales n’ont occupé que 4 % de l’espace médiatique au Québec, contre 8 % dans le reste du canada et plus de 11 % dans le reste du monde.

«Et encore, souligne Laura-Julie Perreault, journaliste aux affaires internationales à La Presse, on ne parle pas là uniquement des reportages réalisés sur le terrain à l’étranger mais aussi des nouvelles publiées en provenance d’agence de presse ou encore d’histoires racontées depuis Montréal. Plusieurs postes de correspondants à l’étranger ont disparu ces dernières années, des bourses n’ont pas été renouvelées. En discutant avec quelques autres journalistes habitués à couvrir l’étranger, nous avons envisagé l’idée de mettre sur pied un fonds.»

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Un fonds qui irait chercher de l’argent auprès de grands mécènes, de fondations ou d’organismes ayant l’international dans leur cœur de pratique.

«Nous irons par exemple frapper à la porte de Montréal International ou encore du Centre de recherche en développement international, précise la journaliste. Ça peut être des organisations proches des gouvernements, mais aucune d’elles n’aura un droit de regard sur les futurs reportages qui seront financés. Nous avons commencé à solliciter certains acteurs et nous espérons pouvoir concrétiser les premiers dons d’ici la fin du mois.»

À compter du 1er janvier 2018

L’objectif? Amasser 300 000 dollars pour les trois premières années d’opération. Des bourses de 500 à 9000 dollars seront alors attribuées à tout journaliste, membre ou non de la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) et quel que soit son statut, pour couvrir ses frais – matériel, voyage, logement – sur le terrain à l’étranger.

«Un comité de six journalistes sera mis sur pied, sans doute des professionnels à la retraite, des anciens reporters ayant eu une expérience de l’international et donc capables de juger la solidité des projets proposés, explique Mme Perreault. Les bourses seront distribuées quatre à six fois par année et si tout va bien, nous espérons pouvoir commencer le 1er janvier 2018.»

En parallèle, une expérience de sociofinancement sera également lancée afin d’aller cette fois chercher les particuliers intéressés à avoir plus de nouvelles internationales faites par des journalistes québécois.

«C’est ça le défi, insiste Laura-Julie Perreault. Avoir une vision québécoise sur les événements qui se déroulent ailleurs. C’est très important pour bien comprendre les situations et surtout pour intéresser le public. Car celui-ci est intéressé. On l’a vu lors de la dernière campagne électorale aux États-Unis. Tous les reportages que nous avons fait sur le terrain à La Presse  ont été très lus.

Du mieux depuis le 11 septembre

La journaliste précise d’ailleurs que comparé à la situation avant les années 2000, l’international fait d’ailleurs déjà belle figure dans les médias québécois. Selon elle, il y a eu un avant et un après 11 septembre 2001 en la matière. Les Québécois s’intéressent plus à ce qui se passent ailleurs, les médias leur en donnent plus. Mais il faut capitaliser là-dessus, ne pas reculer et même construire sur ces nouvelles bases, insiste-t-elle.

Le projet a été présenté une première fois lors du dernier congrès de la FPJQ qui a réuni quelques centaines de journalistes à Saint-Sauveur en novembre dernier. Plusieurs journalistes, surtout des jeunes, sont venus dire aux initiateurs tout le bien qu’ils en pensaient, et l’intérêt qu’ils auraient à profiter de ces bourses.

Quid des patrons de presse?

«Eux aussi sont intéressés, répond Julie-Laura Perreault. Ils voient ces bourses comme un bonus. Ce seraient une opportunité d’en faire plus. Certains médias proposent déjà beaucoup de reportages à l’international, mais ils sont limités financièrement. Alors, si une bourse vient couvrir les frais de leurs journalistes ou de pigistes, c’est certain qu’ils adhèrent!»

Les dons peuvent d’ores et déjà être déposés via le site internet de la FPJQ. Le lancement officiel du Fonds aura lieu un peu plus tard cet hiver.

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