«Si on ne protège pas les sources, c’est le public qui est dans le noir»

À l’initiative de l’organisme Canadian Journalists for Free Expression (CJFE), ce samedi 25 février est déclaré journée de sensibilisation pancanadienne pour la protection des sources journalistiques. La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) appuie la démarche.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

«Il s’agit d’une journée de mobilisation pour que le public ouvre les yeux, indique la directrice générale de la FPJQ, Caroline Locher. Qu’il ait plus conscience de l’importance de protéger les sources journalistiques. Il ne s’agit pas d’une demande corporative, mais bien d’un enjeu pour toute la population, la société dans son ensemble. Si on ne protège pas les sources, c’est le public qui est dans le noir.»

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Samedi, tous les Canadiens sont donc invités à se rassembler dans des lieux publics afin de participer à la création d’une silhouette en forme d’œil, qui sera ensuite photographiée et distribuée à travers les réseaux sociaux.

«Nous avons choisi un œil, parce qu’il s’agit du symbole objectif de la surveillance»,  peut-on lire dans le guide détaillé décrivant cette journée et les différentes mobilisations possible.

Just watch me!

Cette campagne intitulée Trudeau, we’re watching you (Trudeau, on te regarde faire), en référence au fameux Just watch me prononcé par Trudeau père lors de la Crise d’octobre 1970, vise à sensibiliser la population aux risques de la surveillance.

En bout de ligne, les organisateurs souhaitent que le gouvernement mette fin à la surveillance de masse et qu’il protège les données des citoyens et des communautés, incluant les autochtones, les musulmans, les journalistes, les environnementalistes, les syndicats, etc., en créant une agence indépendante pour la défense de la vie privée et de la sécurité nationale, qui jouerait le rôle de chien de garde.

Ils demandent également au gouvernement de soutenir le projet de loi C-303, qui propose d’abroger le dispositif de la loi sur l’anti-terrorisme (Loi C-51), ainsi que le projet S-231 qui protégera les journalistes, les lanceurs d’alerte, ainsi que les avocats.

Des demandes que la FPJQ fait siennes. La semaine dernière, la principale organisation représentative des journalistes au Québec était d’ailleurs à Ottawa pour soutenir le projet de loi S-231 présenté par le sénateur Claude Carignan et destiné à protéger les sources confidentielles des journalistes.

La société mobilisée?

« La protection des sources, c’est régi par le code criminel, donc de juridiction fédérale, indique Mme Locher. À la FPJQ, on regarde surtout ce qui se passe au Québec et on est très occupé par la Commission Chamberland. Mais si on veut pousser du côté législatif, c’est clair qu’il faut qu’on se tourne vers Ottawa. »

Concernant la Commission Chamberland, la FPJQ a demandé en début de semaine à avoir un statut d’intervenant. Comprendre d’expert.

«Nous sommes le seul organisme au Québec dont la mission est spécifiquement la liberté de presse, explique sa directrice générale. Depuis 1969 que nous existons, nous avons développé  une expertise et nous souhaitons en faire profiter toute la société. »

Reste à savoir si la société québécoise, qui au moment de la révélation du sandale de la mise sur écoute de plusieurs journalistes par les fores de police en novembre dernier, se disait très largement en faveur de la protection des sources, continue à s’intéresser au sujet. On aura une première réponse samedi.

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