Planète F, bientôt sur papier aussi

Le webzine famille lancé il y a trois ans par l’ex-présidente de l’Association des journalistes indépendants (AJIQ), Mariève Paradis, aura bientôt son édition papier. Une nouvelle étape pour l’un des fers de lance de la nouvelle vague de médias alternatifs québécois.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

«C’est un drôle de mouvement, admet sa fondatrice. Mais les gens me le demandaient. Ils me disaient qu’il passait déjà toute leur journée sur écran, qu’ils me liraient plus s’ils pouvaient obtenir une copie papier. Et puis, ça a toujours fait partie du plan de match depuis le début de l’aventure. C’était le moment de se lancer.»

Depuis mercredi, le lancement de ce magazine papier est sur le site de sociofinancement Ulule et déjà près de 50 % de l’objectif a été atteint. Les fans de la première heure, comme ceux qui découvriront le magazine à cette occasion, peuvent payer pour obtenir leur copie avant tout le monde, ainsi que quelques cadeaux aux couleurs de la marque.

«Le papier va me permettre de promouvoir mon produit auprès des institutions, explique par ailleurs Mme Paradis. Le site web, c’est intangible. Je vais par exemple pouvoir entrer dans les bibliothèques. En terme de visibilité, ce n’est pas négligeable.»

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Toutes les études le démontrent, les Québécois délaissent de plus en plus le papier pour lire leurs nouvelles en ligne. Mais le magazine papier, lui, tient le coup. La jeune entrepreneure souhaite ainsi tirer partie de toutes les plateformes qui s’offrent à elle.

«Nous aurons toujours une forte présence sur le web pour rester très près de l’actualité tout en offrant toujours des dossiers de fond tous les deux mois, indique Mariève Paradis. Internet nous permet d’apporter notre point de vue sur les sujets société qui touchent la famille. Le papier aura un côté plus lent.»

Le premier numéro porte d’ailleurs sur le temps… que les jeunes parents n’ont pas. Il s’agit en très grande majorité de contenu exclusif. Mais Planète F utilise aussi aujourd’hui d’autres plateformes telles que la vidéo ou le podcast.

«Il s’agit d’être là où sont les gens et de choisir le support qui fonctionne le mieux pour tel ou tel sujet», explique la rédactrice en chef.

Aide aux (petits) médias

Après trois ans d’existence, Planète F commence légèrement à sortir la tête de l’eau. L’an dernier, Mme Paradis a reçu une subvention de Patrimoine Canada, qui lui a permis de mettre tous ces nouveaux projets en place. Pour elle, c’est une reconnaissance, une marque de confiance, alors que peu de produits pure players parviennent à décrocher cette bourse.

«Ça prouve aussi que les lignes bougent, estime-t-elle. Le Fédéral a la volonté de rentrer dans le numérique. C’est une bonne nouvelle.»

Elle espère maintenant que d’autres viendront, notamment du côté du provincial. La rumeur voudrait que le gouvernement fasse un geste pour aider l’industrie dans le prochain budget qui sera déposé d’ici une dizaine de jours.

«Nous attendons de voir, commente-t-elle. Et nous espérons que les médias alternatifs ne seront pas les grands oubliés. La coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec ne représente que les gros. Ils revendiquent des choses et ils ont le porte-voix pour se faire entendre. Sauf qu’il existe aujourd’hui une émulsion de petites initiatives alternatives qui sont justement nées de l’immobilisme des gros. Mais ces initiatives sont très fragiles. Il faut les aider aussi.»

Partenariats en France

En attendant, Mariève Paradis s’envole la semaine prochaine pour la France où elle rencontrera plusieurs acteurs de l’industrie. Son objectif? Conclure des partenariats.

«Sur les sujets que nous couvrons, la société et la famille, on a souvent tendance à penser que l’herbe est plus verte chez nos voisins, note-t-elle. Planète F voudrait pouvoir le vérifier et ces partenariats avec la France pourraient nous y aider. Juste un exemple : nous avons publié hier un article sur le droit à l’oubli en matière d’assurance. En France, les personnes qui ont un cancer avant l’âge de 18 ans, peuvent par la suite prendre une assurance sans surcharge, ni surprime. Ce n’est pas le cas au Québec et le Parti Québécois voudrait s’en inspirer. C’est le rôle de Planète F de fouiller ce genre de sujets.»

L’entrepreneure passera une semaine en France. Elle espère bien que pendant ce temps-là, sa campagne de sociofinancement continuera d’aller bon train. Bonne nouvelle en tout cas, pendant l’écriture de cette article les promesses de financement ont continué à arriver et la barre des 50 % vient tout juste d’être dépassée.

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