En revenir aux faits

91 % des journalistes croient que le public leur fait moins confiance aujourd’hui qu’il y a trois ans, révèle la toute dernière version de l’enquête annuelle menée par CNW auprès de 1500 journalistes et influenceurs en Amérique du Nord, et publiée ce matin.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

«C’est très triste, réagit Nadine Tousignant, responsable des relations médias et avec l’auditoire chez CNW. Mais c’est un fait. Les gens ne savent plus à quelle source se fier. L’année 2016 a été riche en actualités. On a beaucoup parlé de fausses nouvelles. Avant, les gens croyaient que lorsque c’était écrit, c’était vrai. Ce n’est plus le cas. Les journalistes doivent retrouver la confiance du public. Notre enquête cherchait à savoir comment les relations publiques pourraient les y aider.»

Et la réponse est claire : en évitant de les envahir avec des sujets dont ils ne feront rien.

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«Les journalistes veulent que les communicateurs leur proposent des sujets personnalisés, poursuit-elle. Qu’ils aient lu leurs article, qu’ils sachent vraiment ce qui les intéresse, les sujets, les angles, etc. Il y a de moins en moins de journalistes dans les salles de nouvelles et de plus en plus de personnes qui travaillent en relation publique. Si on n’y prend pas garde, ils se retrouvent avec une montagne de courriels qu’ils n’ont tout simplement pas le temps de lire.»

Car le courriel est le moyen préféré par les journalistes pour être approchés.

«Les journalistes continuent à préférer le courriel comme moyen principal de communication, alors que plus de 90 % des répondants ont indiqué qu’il s’agit de la meilleure façon de lancer des idées d’article, peut-on lire dans les conclusions du sondage. La communication avec les journalistes par téléphone ou la présentation d’idées sur les médias sociaux se sont classées sous la barre du 3 % depuis que nous avons commencé à poser cette question.»

L’exactitude pour maître-mot

Ils souhaitent également pouvoir faire confiance aux informations et aux sources qui leur sont soumises. Car tous croient que c’est avec de l’exactitude qu’ils regagneront la confiance du public. Avec des faits, plus qu’avec de l’opinion ou des sentiments. Quatre-vingt-douze pour cent des répondants indique en effet qu’il est plus important d’être exact que d’être premier, une hausse de 4 % par rapport à 2016.

«Les déclarations publiques exactes, les communiqués de presse, les images de marque, les vidéos et les données permettent aux journalistes et aux influenceurs de raconter de meilleures histoires, en s’appuyant sur des faits tirés de sources dignes de confiance et approuvées, peut-on lire. Lorsque les communicateurs associent des messages et un format convaincants aux pratiques exemplaires en matière de présentation et à la connaissance du travail du rédacteur, ils peuvent alors favoriser une couverture de meilleure qualité et plus exacte.»

Mais alors que le public ne fait plus une confiance aveugle aux journalistes et que les marques ont aujourd’hui la possibilité de s’adresser directement à lui via les réseaux sociaux ou par le biais du marketing de contenu ou de billets sponsorisés, pourquoi cherchent-elles encore à convaincre les médias d’écrire sur elles?

«Parce que malgré tout, rien n’est plus crédible qu’une histoire rapportée par un journaliste, répond Nadine Tousignant. Et les marques le savent bien.»

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