Attentat à Charlie Hebdo: toute une profession en deuil

C’est avec un trémolo dans la voix qu’à 7h30, Marie-France Bazzo apprend à Christian Rioux, correspondant du Devoir à Paris, que Cabu et Charb, les deux caricaturistes vedettes de Charlie Hebdo, font partie des douze victimes de l’attentat qui a touché la salle de nouvelles du journal satirique deux heures plus tôt. Un peu plus tard, on apprendra que Wolinski et Tignous sont eux-aussi décédés. Une journée noire pour la liberté de la presse, que les journalistes du monde entier relayent via leurs organes et sur les réseaux sociaux.

 Par Hélène Roulot-Ganzmann

 Capture0À commencer par la même Marie-France Bazzo, qui quelques minutes après son annonce en ondes, fait part de son émotion sur son compte Twitter. Avant que ne s’en suive une discussion échauffée avec Benoit Dutrizac, animateur au 98.5FM et aux Francs tireurs à télé Québec.

 

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Benoit Dutrizac, qui quant à lui, tient un document exceptionnel diffusé au début de son émission. En novembre 2012, il avait en effet interviewé Charb, alors que le directeur de l’organe satirique se voyait placé sous protection policière à la suite de plusieurs menaces de mort. Un document dans lequel il affirme ne pas faire un métier si dangereux que cela… (à 12 minutes).

En fait, depuis le début de la matinée, la plupart des stations de radio et chaines de télévision se mettent en émission spéciale. Sur RDI, Jean-François Nadeau, directeur adjoint de l’information au Devoir, mais surtout ce matin, intime de Charb, qui logeait chez lui lorsqu’il venait à Montréal, espère que les hommes qui ont voulu faire taire Charlie Hebdo récolteront plutôt le contraire.

«Charb se bâtait contre ça [les atteintes à la liberté de la presse et au droit d’informer]. Je suis atterré, écrasé de voir ça, mais ses idées demeurent, affirme-t-il. Je crois que les imbéciles qui ont fait ça, ont fait en sorte de les placer sur une sorte de piédestal et ses idées ne mourront pas.»

Sur France Inter, Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo, affirme quand à lui, dans une entrevue des plus émouvantes, avoir aujourd’hui, «perdu tous ses amis».

Tout comme lui, si la communauté des journalistes est sous le choc depuis ce matin, tout le monde affirme que ce tragique événement ne doit pas faire taire la critique car comme le disait Charb lui-même, ce n’est pas aux intégristes de décider de ce qui peut être dit ou non. Comme Reporters Sans frontières, qui parle de «mercredi noir» pour la liberté de la presse, et Comme Lise Ravary, sur son blogue du Journal de Montréal, nombreux sont ceux qui invitent les rédactions du monde entier à faire demain, leur une avec une des caricatures dont Charlie Hebdo avait le secret.

Des caricatures qui sont ressorties durant toute la journée sur les réseaux sociaux. Notamment, l’une d’elle, la dernière de Charb, tristement prémonitoire.

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Car sur Facebook et Twitter, la nouvelle a éclipsé toutes les autres conversations et les mot-clics #CharlieHebdo, #JeSuisCharlie et #NousSommesCharlie ont été véritablement pris d’assaut. Selon Influence Communication, dans la première heure, 35 000 tweets avaient déjà été publiés sur le sujet. De nombreux journalistes y exprimant à la fois leur désarroi et leur volonté de continuer à faire leur métier.

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Enfin pour bien comprendre les raisons qui ont mené à cet attentat, Stéphane Baillargeon dresse un très bel historique de Charlie Hebdo et de la tradition satirique à la française sur le site du journal le Devoir.

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