Régions, liberté de presse, statut du journaliste: les grands chantiers de la FPJQ

La Fédération professionnelle des journalistes a tenu son premier conseil d’administration de 2015 samedi dernier. L’occasion pour Lise Millette d’en devenir officiellement la présidente, à la suite de la démission de Pierre Craig. Mais aussi pour tous les membres du CA, de définir des grands chantiers sur lesquels l’organisation va se pencher cette année.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

fL1fyB8d_400x400Dans la continuité de tout le travail entrepris par Pierre Craig au cours de ses quinze mois de présidence, la FPJQ continuera à se porter à la défense de ses membres en région.

«C’est une préoccupation que j’ai exprimée lorsque je me suis présentée à la vice-présidence en novembre dernier, rappelle Lise Millette, qui est d’ailleurs trésorière de la FPJQ-Montérégie depuis plusieurs années. Les défis sont immenses en région. Il y a bien sûr les cas d’intimidations et les menaces de certains maires et conseillers municipaux envers des journalistes, cas qui se sont multipliés ces derniers mois et que Pierre Craig a maintes fois dénoncés. Mais il y a aussi la fermeture de plusieurs titres depuis le rachat par TC Média des hebdos de Quebecor, et l’incertitude qui plane sur les quotidiens régionaux de Gesca quant à leur intégration dans La Presse+.»

Une réunion est prévue à Québec dans moins d’un mois avec les responsables des différentes sections régionales de la fédération afin de mettre toutes les préoccupations sur la table et de définir un plan de match.

«Il n’est pas exclu que nous travaillions avec certains maires ou avec les organisations qui les représentent, note la présidente. Je n’irai pas jusqu’à parler de partenariat. Mais s’il y a des potentats qui veulent faire taire les journalistes, il y en a d’autres, notamment Maxime Pedneaud-Jobin, le maire de Gatineau, présent à notre dernier congrès, qui nous sollicitent pour que nous les aidions à être plus transparents. Tous les élus ne comprennent pas forcément notre rôle. Nous acceptons de leur tendre la main.»

Soirée bénéfice pour la liberté de presse

Des recommandations à ce sujet trouveront certainement leur place dans le mémoire sur la liberté de presse sur lequel la FPJQ planche depuis plusieurs mois et qui sera publié au printemps et remis au gouvernement. Une sorte d’état des lieux, de grande réflexion sur cette problématique, basé sur les réponses apportées par les journalistes à un questionnaire envoyé à l’automne à ses membres et sur des entrevues avec des experts et acteurs du milieu.

«Il ne s’agit pas de dénoncer mais bien de comprendre comment les freins à la liberté d’informer se traduisent concrètement sur le terrain et dans nos médias, ici, au Québec», explique Lise Millette.

Un thème qui reviendra d’ailleurs tout au long de l’année comme un fil rouge. Le 3 mai prochain tout d’abord, lors d’une grande soirée bénéfice que la fédération organisera à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.

«On ne sait pas encore comment cela va s’orchestrer mais le but est d’inviter le public, explique la présidente. Parce que c’est un dossier qui concerne tout le monde, et dont nous, journalistes, sommes les remparts. En fait, c’est comme si ce sujet s’imposait à nous depuis le début de l’année. Avec Charlie Hebdo bien sûr. Avec Badawi aussi.»

Liberté d’informer toujours, la FPJQ suivra de près le dossier de la modernisation de la loi sur l’accès à l’information. Mme Millette dit ainsi se réjouir des promesses faites par le ministre Fournier. Lors du dernier congrès, il était venu dire aux journalistes combien il allait s’assurer que cette nouvelle mouture oblige les administrations à plus de transparence. Mais le diable se trouvant dans les détails, elle assure qu’il ne s’agit aucunement de donner au gouvernement un chèque un blanc et que la fédération suivra les travaux avec grand intérêt.

Une fédération parapluie

Ce premier conseil d’administration de 2015 aura aussi été l’occasion de lancer de nouvelles priorités. Première d’entre elles, le statut du journaliste.

«Attention, il ne s’agit pas de rouvrir le débat sur le titre, prévient la présidente. Mais nous allons nous questionner sur qu’est-ce qu’un journaliste aujourd’hui. Traditionnellement, un journaliste travaille pour une entreprise de presse. Mais ProjetJ par exemple, n’est pas une entreprise de presse, et pourtant, vous y faites du journalisme. Il faut revoir la définition.»

Le virage numérique va également s’accélérer à la FPJQ. Les membres du CA vont se pencher sur la possibilité de pouvoir voter via internet ou encore de suivre certaines formations à distance. Certains contenus du Trente, vont également migrer sur le site même s’il n’est pas question pour l’instant d’abandonner complètement le papier.

Enfin, Lise Millette affirme vouloir rassembler toute la profession.

«Il faut que les journalistes sentent que la fédération les représente peu importe la bannière à laquelle ils appartiennent, estime-t-elle. Peu importe qu’ils travaillent en anglais ou en français, qu’ils soient indépendants, salariés, surnuméraires, permanents, ou même cadres, il faut que tous se sentent interpelés par cette mission de défendre la liberté de presse et l’accès à l’information. Nous voulons être une fédération rassembleuse, une fédération parapluie.»

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