Des initiatives pour promouvoir l’info régionale

L’information vit de grands bouleversements en région. Retrait de Québecor et de Gesca au profit de TC Media pour le premier, de Capitales Médias pour le second, implantation de Néomédia sur la scène numérique, réduction des bulletins de nouvelles de Radio-Canada à trente minutes au lieu d’une heure, et de nombreuses coupures qui poussent de plus en plus de journalistes à tenter de gagner leur vie à la pige. Face à ce tableau, les sections locales de la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) réagissent, qui en lançant des programmes de bourses, qui en organisant un grand forum de réflexion. Revue de détails.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

«En région, nous avons tous vécus des bouleversements au cours des dernières années, des derniers mois, explique Marie-Ève Lacas, journaliste à Radio-Canada Estrie et présidente de la section FPJQ de cette même région. Il y a des choses qui font beaucoup de bruit et d’autres dont on parle moins, comme des départs à la retraite non remplacés à TVA. D’un autre côté, on voit des gens qui ne s’informent plus que par le web et qui partagent de fausses informations sur leur page Facebook sans se rendre compte qu’elles proviennent de sites parodiques. Bref, nous nous sommes demandés quelle devait être aujourd’hui la place de l’information locale et régionale. Et comme nous n’avions pas la réponse, nous avons décidé d’ouvrir le débat en organisant un grand forum de réflexion autour de cette question.»

Le débat aura lieu samedi à Sherbrooke. Et les questions ne manquent pas. À l’heure de l’internet et du grand village mondial, la population trouve-t-elle toujours pertinent de recevoir une information locale? Le papier a-t-il de l’avenir? Les journalistes sont-ils les seuls à avoir cette passion pour l’information régionale?

«On ressassait toutes ces questions au sein de notre groupe de la FPJQ en Estrie et on a eu l’idée d’aller les poser à des personnes extérieures au métier, raconte Mme Lacas. On a rencontré des gens d’affaires, d’autres en politique municipale, dans le réseau communautaire, etc. On leur a demandé comment eux, la vivaient cette transformation. On a eu un accueil formidable. Ils nous disaient: on y tient, on aime ça lire notre journal en se levant, on a besoin de cette information régionale.»

Les patrons de presse présents

La présidente voit là une véritable différence entre les régions et ce qui se passe à Montréal. Le quotidien la Tribune est encore très lu et les gens disent continuer à aimer le contact avec le papier. Ils souhaitent pouvoir trouver les informations qui les concernent facilement, pas derrière un énième onglet sur les sites de Radio-Canada ou de La Presse, pas reléguées en page 28 dans le Journal de Montréal.

Plusieurs personnalités du monde des affaires ont d’ores et déjà répondu présents. Dans les MRC, l’intérêt est grand également, dans le milieu communautaire, mais aussi du côté des patrons de presse.

«Quasiment tous les groupes de presse présents en région vont envoyer quelqu’un, confirme la journaliste. On attend aussi le grand public. Ça va nous permettre de faire un état des lieux et de s’inspirer de ce que les gens souhaitent voir pour que l’information régionale prenne un nouveau virage.»

Des bourses

Représentée également lors de ce forum, la section FPJQ de la Montérégie, qui lance par ailleurs ces jours-ci deux bourses de 250 et 125 dollars pour promouvoir l’information montérégienne. Ouvertes à tous les membres de la FPJQ, elles seront remises aux candidats ayant proposé les meilleurs synopsis par courriel, d’ici le 5 juin prochain.

«Tous seront évalués selon leur originalité et leur ancrage dans la région, explique la présidente de la section, Marie-Ève Martel, par ailleurs journaliste à la Voix de l’Est. Les deux récipiendaires auront ensuite une partie de l’été pour réaliser leur reportage, qui sera diffusé dans la plupart des médias montérégiens à la mi-aout. Presque tous ont déjà accepté d’être nos partenaires et nous attendons encore des confirmations.»

Programme de bourses également à Québec, mais cette fois, la section cible particulièrement la relève.

«Il faut du courage pour entreprendre une carrière dans le journalisme en région alors que les mauvaises nouvelles n’en finissent pas de tomber, estime Nathalie Côté, journaliste indépendante, membre du CA de la FPJQ-Québec et responsable de ce dossier. Nous avons donc décidé d’encourager ces jeunes que la passion pour l’information pousse malgré tout à emprunter cette voie.»

Deux bourses de 250 dollars seront remises aux meilleurs reportages de presse écrite d’une part, électronique de l’autre. Une autre de 100 dollars récompensera une caricature. Tous les étudiants de moins de 30 ans, inscrits dans un programme en communication ou en journalisme en Cegep ou à l’université, dans la région de Québec, ont jusqu’au 10 septembre pour proposer leur reportage par courriel. Un reportage qui devra avoir été préalablement publié dans un média reconnu.

«Ça peut tout a fait être un média étudiant, précise Mme Côté, mais pas un blogue personnel.»

La remise des bourses aura lieu le 6 décembre au Musée de la civilisation de Québec, à l’occasion du Bye Bye en caricatures organisé par la FPJQ.

Le forum de réflexion organisé par la FPJQ-Estrie aura lieu samedi 9 mai à 13h45, au restaurant OMG Burger, 1175 King Ouest, Sherbrooke.

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