La Presse met fin à son édition papier en semaine

Guy Crevier l’a annoncé ce matin dans les colonnes de son journal, La Presse met fin à son édition papier les jours de semaine, et ce, à compter du 1er janvier prochain. Les lecteurs devront donc tous d’ici-là, migrer vers la version tablette, mais garderont encore pour quelques temps le plaisir de feuilleter le journal en famille le samedi.

 Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

r4ld3vq632u1987f7k5a«Nous avions une demande forte de la part de nos lecteurs pour préserver l’édition du samedi, explique Éric Trottier, Vice-président information et éditeur-adjoint de La Presse. Il y a ce rituel familial. Le samedi, on est à la campagne, au chalet, on se partage les cahiers. Nous avons donc considéré cette demande et c’est pour cela que nous préservons notre édition du samedi au format papier. Le reste de la semaine, en revanche, il n’y aura plus que La Presse+

La sortie de Guy Crevier ce matin met donc fin au suspense. On savait officiellement depuis dix-huit mois maintenant, depuis que les Desmarais, propriétaires du journal, en avaient fait publiquement l’annonce, que le papier était voué à disparaitre du côté de Gesca. La date est maintenant connue, ce sera le 1er janvier prochain.

Pari gagné?

Les chiffres révélés donnent aujourd’hui 81 000 exemplaires vendus en semaine et 140 000 le samedi. La Presse+ comptabilise pour sa part en moyenne 188 000 ouvertures quotidiennes du lundi au vendredi et 200 000 les samedis et les dimanches. Quant aux annonceurs, ils auraient eux-aussi largement migré vers l’application tablette.

«65% de nos revenus se font aujourd’hui sur La Presse+, affirme M. Trottier. On estime que nous atteindrons 75 à 80% d’ici la fin de l’année. La tablette est donc devenue notre locomotive.»

Des chiffres que l’éditeur-adjoint impute au fait que l’application a permis de rajeunir le lectorat, 63% des utilisateurs ayant entre 25 et 54 ans, mais surtout d’aller chercher un auditoire plus riche que la moyenne québécoise.

«Nous avons un pourcentage de personnes faisant partie d’un ménage dont le revenu dépasse les 100 000 dollars plus important que la moyenne québécoise, explique-t-il. Forcément, ça attire les annonceurs. Et comme notre modèle est basé sur la gratuité, tout notre pari, c’était que les annonceurs nous suivent.»

Le Star Touch

Éric Trottier se félicite également du lancement lundi, de la version tablette du Toronto Star, le Star Touch, dont la technologie est basée sur le modèle de La Presse+.

«Car il ne s’agit pas de plaquer le journal sur la tablette comme le font d’autres médias, rappelle-t-il. Il y a tout un storytelling à réinventer en intégrant le texte avec le visuel, la vidéo, le graphisme, la photo, etc. Et ils l’ont bien compris. Ça va être un vrai défi maintenant pour nous. Nous avons désormais un concurrent qui sait faire de l’information sur tablette, dans tout ce qu’elle a de plus dynamique. Il va falloir que nous nous remontions les manches parce qu’il y a des choses qu’ils font très bien. Ce challenge va être vraiment intéressant. Parce qu’à un moment donné, quand on est tout seul sur son créneau, ça peut devenir lassant.»

Un premier challenger donc. Et peut-être d’autres dans les prochains mois, les prochaines années? Éric Trottier admet en tout cas que La Presse reçoit des appels toutes les semaines de la part de rédactions du monde entier, intéressées par le produit.

«Certaines discussions sont plus avancées que d’autres mais beaucoup attendaient de voir ce que le Toronto Star allait faire, dévoile-t-il. Selon nous, leur version est un succès. Nous allons maintenant voir ce qui va se passer.»

La direction annoncera le 24 septembre quelles seront les conséquences de cette décision pour la salle de nouvelles, notamment en matière de ressources humaines.

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