L’éducation aux médias : une alternative aux théories du complot et aux fausses informations?

Par Émélie Rivard-Boudreau, journaliste pigiste à Val-d’Or

Les attentats du 11 septembre 2001 à New-York, l’attaque de Charlie Hebdo, les attentats de Paris et maintenant, Bruxelles… Tous ces événements ont entraîné la circulation d’un flot important d’informations sur le web dont une série d’interprétations sur la cause de ces attentats. Les versions officielles sont de plus en plus remises en cause et ce phénomène inquiète les médias et le secteur de l’éducation en Europe. Les projets d’éducation aux médias visent donc à développer l’esprit critique des jeunes et moins jeunes à l’égard des contenus médiatiques.

Quelle place devrait prendre l’apprentissage sur la réalité des médias dans les écoles et dans la société en général ? La question s’est imposée en Europe, plus particulièrement en France, avec les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015, et de Paris en novembre dernier. Bien que le concept d’éducation aux médias existait depuis déjà plusieurs années, les débats sur la liberté d’expression et sur la véracité de l’information ont suscité un intérêt sans précédent. Dans les classes, les enseignants constatent que leurs interventions sur ces attaques sont compliquées. Les élèves contestent les versions officielles des événements et adhèrent de plus en plus aux théories du complot circulant sur le web, ne faisant plus confiance aux médias de masse. « Plus ça a l’air «underground», mieux c’est », témoignent certains.

D’ailleurs, pour alimenter la discussion, différentes initiatives ont été mises en place. Par exemple, l’agence de presse Premières lignes et France Télévisions ont lancé une série de capsules vidéo pour combattre les théories du complot et la défiance de certains jeunes à l’égard des médias. Le montage est utilisable gratuitement par les professeurs ou tout autre éducateur. Une démarche semblable a été réalisée par l’émission web Datagueule. Également, le 9 mars dernier, lors des Assises du journalisme à Tours, en France, la plateforme mediaeducation.fr a été lancée pour fournir des outils pédagogiques aux enseignants et représentants des médias qui vont à la rencontre du public pour aiguiser leurs connaissances des médias.

Justement, qui devrait assurer cette éducation aux médias auprès de la population? Les enseignants ? Les journalistes ou médias eux-mêmes ? C’est une autre question qui interpelle les promoteurs de l’éducation aux médias. D’un côté, on craint que, si les journalistes ou autres acteurs des médias occupent ce rôle, on ne tombe dans une promotion de la profession ou d’un type de médias spécifique. De l’autre, si les professeurs assument cette fonction, on se demande s’ils connaissent suffisamment la réalité médiatique pour en informer leurs élèves.

Une approche inspirante

Au Québec, on s’intéresse déjà à cet enjeu, mais inégalement selon différentes régions de la province. En novembre, certaines écoles organisent une Semaine d’éducation aux médias pour sensibiliser les élèves, les parents et les intervenants du milieu de l’éducation aux enjeux médiatiques, dont ceux relatifs aux médias numériques. Également, une chaire de recherche en éducation aux médias a été lancée en février par la TÉLUQ. L’équipe est en place et elle a maintenant cinq ans pour analyser les politiques publiques en la matière et faire des propositions concrètes afin de rendre les programmes plus efficients.

Émélie Rivard-Boudreau a obtenu une bourse des Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ) pour assister aux Assises du journalisme à Tours, en France, du 9 au 11 mars dernier. 

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