Numérique, taxe recyclage, accessibilité : plusieurs dossiers sur le bureau de l’AQEM

Après trois ans d’inactivité ou presque, l’Association québécoise des éditeurs de magazine (AQEM) semble renaître de ses cendres. Et elle compte bien multiplier les actions le plus rapidement possible afin de trouver ses propres solutions à la crise qui traverse l’industrie dans son ensemble.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

Réunis en avril dernier lors d’un déjeuner-causerie, les membres l’AQEM avaient mis le doigt sur leur problème majeur, selon eux, l’accessibilité, alors que de plus en plus de points de vente leur ferment la porte. La réaction ne se sera pas fait attendre. Dans une note publiée sur son site internet, l’organisme appelle ses membres à participer fortement à la campagne canadienne destinée à atteindre le public canadien «qui aime les magazines».

«Ça va être en septembre ou en octobre, indique le président de l’AQEM, Jean-François Morin. Nous allons profiter de cette campagne canadienne pour promouvoir nos magazines québécois avec de grosses actions organisées directement chez les vendeurs.»

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En janvier 2015, la base de données CARDOnline dénombrait 191 magazines grand public et 158 magazines professionnels francophones ou bilingues au Canada, révèle un rapport du Centre d’études sur les médias de l’Université Laval.

«L’analyse des plus récentes données du Print Measurement Bureau (PMB), portant sur une quarantaine de magazines québécois destinés au grand public vendus en kiosque ou par abonnement, fait état d’un important recul global du nombre de lecteurs entre 2003 et 2014, peut-on lire. Si l’on ne tient compte que des magazines qui ont été mesurés pendant toute la période, la baisse est de presque 50 %. Dans certains cas, la chute a été particulièrement lourde. Ainsi, TV Hebdo, Échos vedettes, Le Lundi et Femme d’aujourd’hui ont vu leur lectorat être réduit de plus de 70 % depuis 2003, alors que Cool, Affaires Plus et Fleurs, plantes et jardin ont connu un déclin d’environ 50 %. La diminution observée entre 2012 et 2014 pour l’ensemble des magazines qui publient au moins depuis l’année 2002 s’est élevée à près de 16 %.»

Stratégies numériques

Chute du lectorat donc, qu’il faut aller rechercher, chute également, comme dans le reste de l’industrie, de la publicité, qui migre sur les supports mobiles et internet, mais qui s’en va plutôt chez les gros joueurs que sont Google ou Facebook. Tout cela mis bout à bout, on en arrive forcément à une chute des revenus. Avec quelles conséquences sur l’emploi des journalistes dans ce secteur de plus en plus concentré entre les mains de trois grands groupes : TVA Publications, Rogers et la Sélection?

«C’est très difficile à dire car nous n’avons pas de chiffres, répond M. Morin. Le gouvernement du Québec ne s’implique pas, il ne se penche pas sur la question. Et le milieu fonctionne principalement avec des pigistes.»

Face à tant de flou, une chose semble sure, le secteur est en pleine mutation. Les derniers chiffres Vividata révèlent notamment que 50 % du lectorat lit désormais ses magazines sur écran. L’AQEM a ainsi fait en sorte que les pur players puissent eux-aussi devenir membres de l’association, ce que ne permet pas encore Magazines Canada par exemple.

«Notre prochaine causerie portera justement sur cet aspect-là, indique le président. Sur l’avenir numérique de nos magazines. Chacun a sa propre stratégie. Il y a ceux qui migrent totalement vers les écrans, ceux qui gardent le papier, tout en se diversifiant, ceux qui naissent aujourd’hui et qui adoptent le numérique directement. Et même, de tous nouveaux joueurs, mais qui se lancent sur le papier. Chacun y va en fonction de sa cible et de son plan d’affaires.»

Taxe recyclage

Après avoir vivoté pendant de longs mois, l’AQEM semble donc bien vouloir désormais reprendre le destin des magazines québécois en main. Premier objectif, essayer d’avoir une personne employée afin de répondre aux différentes demandes aujourd’hui traitées par l’équipe bénévole du conseil d’administration. La taxe recyclage, qui oblige les éditeurs à payer pour les frais de recyclage qu’occasionnent leurs publications et contre laquelle tous les médias s’insurgent, fait également partie des dossiers toujours sur la table. Il faudra également penser à aller chercher de nouveaux membres car après plus ou moins trois ans d’inactivité,  nombre de grands joueurs sont partis.

«Avec des titres comme Ricardo ou Véro chez nous, c’est sûr que nous aurions plus de poids», soutient M. Morin.

En attendant, les membres présents ont donc pas mal de pain sur la planche pour tenter de faire un peu plus parler d’eux, et ce, dès la rentrée.

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