Métro Montréal licencie et se restructure

Trois journalistes ont perdu leur emploi il y a quelques jours dans la salle de nouvelles de Métro à Montréal. TC Media a également mis sur sur pied il y a quelques mois, une équipe numérique dédiée à la surveillance, la rédaction et la publication de contenus numériques pour l’ensemble des médias locaux dont le groupe est propriétaire.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

img_0627Trois postes de journalistes ont été abolis dans la salle de nouvelles du journal Métro, un au numérique, un à la culture et un à l’actualité, confirme le service des communications de groupe TC Media, propriétaire du quotidien gratuit. Selon nos sources, ce dernier toucherait la personne chargée jusque-là de couvrir la scène municipale.

«Deux de ces employés se sont vu offrir un autre poste au sein de TC Media, a indiqué à Projet J la directrice des communications du groupe, Katherine Chartrand. L’un d’entre eux a accepté un nouveau poste au niveau de l’équipe numérique des solutions locales de TC Media. Cette équipe veille à la production et à la diffusion de contenu numérique sur le web et les médias sociaux pour l’ensemble des sites des journaux locaux de TC Media au Québec, incluant le journal Métro Montréal

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La salle de nouvelles de Métro Montréal ne compte plus aujourd’hui que dix-sept employés, y compris les gestionnaires. Outre les trois postes supprimés ces derniers jours, d’autres n’ont pas été remplacés cette année, notamment celui de journaliste de données, vacant depuis le mois de mars.

 «Ces décisions ne sont jamais faciles à prendre, souligne Mme Chartrand. Elles traduisent à la fois la nécessité de gérer nos coûts et de transformer certains rôles et responsabilités au sein des équipes afin de répondre à nos besoins d’affaires évolutifs. Nous devons continuellement nous adapter aux changements des habitudes de nos lecteurs et annonceurs.»

Toujours n°1 à Montréal

Projet J  avait rencontré le rédacteur en chef du journal, Yannick Pinel, en février. À l’époque déjà, celui qui est également responsable des hebdomadaires de TC Media sur l’ile de Montréal – une vingtaine de journaux et autant de journalistes et chefs de contenus – disait vouloir de plus en plus travailler avec les journalistes de ces médias locaux afin de couvrir la nouvelle depuis le coin de la rue jusqu’à l’international. Il souhaitait également de moins en moins publier de nouvelles en provenance des agences sur la une de Métro.

Sera-ce encore possible avec une salle de nouvelles plus petite? Si l’on regarde les unes des six derniers jours, force est de constater que trois proviennent de journalistes des rédactions locales de TC Media ou de Métro, et trois d’agences. L’avenir dira si cette tendance se maintient, mais une chose est sure, le groupe souhaite de plus en plus faire coopérer ses différentes salles de nouvelles.

Elle a donc mis sur pied il y a quelques mois, une équipe numérique œuvrant pour toutes les propriétés de TC Media, incluant le journal Métro. Quatre de ces employés travaillent d’ailleurs au sein des bureaux du journal Métro à Montréal, et quelques autres en région.

D’après les derniers chiffres Vividata, le journal Métro demeure l’imprimé numéro un dans le grand Montréal avec plus de 1,2 million de lecteurs et 800 000 sur l’ile de Montréal seulement. TC Media reconnait également que le tirage a connu une légère baisse récemment tout en annonçant qu’il sera rehaussé au cours des prochaines semaines. Katherine Chartrand évoque une période d’ajustement pour optimiser les présentoirs dans les stations du métro.

Restructuration aussi aux Affaires

Rappelons qu’en février dernier, Métro a ravi à son concurrent 24 heures, le contrat  signé avec la Société des transports de Montréal (STM) garantissant l’exclusivité dans les racks situés dans les couloirs du métro. Un contrat dont le montant est resté confidentiel. Dès lors, il est permis de se demander si cette victoire commerciale ne serait pas à l’origine des décisions difficiles que le groupe a été obligé de prendre pour gérer ses coûts….

Une hypothèse que TC Media balaye cependant d’un revers de main, prétendant qu’au contraire, cette entente exclusive de distribution est avantageuse pour le quotidien gratuit.

Quoi qu’il en soit, cette restructuration chez Métro s’insère dans une politique plus vaste à l’échelle du groupe. Rappelons que le 1er novembre dernier, TC Media a également annoncé des modifications pour le journal Les Affaires, qui ne paraitra plus qu’aux deux semaines sous sa forme papier et verra son offre numérique renforcée. Dans ce cadre neuf postes ont été abolis, essentiellement parmi les graphistes, les réviseurs et aux ventes.

Enfin hier, TC Media a annoncé devenir propriétaire de l’ensemble des marques spécialisées en finances du groupe Rogers, en vente depuis le mois de septembre. Pour l’instant les équipes ne semblent pas touchées ou presque, mais il faudra attendre encore quelques semaines, voire plusieurs mois, pour savoir ce qui se dessinera pour elles.

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