La commission Chamberland, priorité n°1 de la FPJQ

Mise sur pied à la suite des révélations concernant l’espionnage de journalistes par différents corps de police, la commission Chamberland devra faire toute la lumière sur cette pratique plus que douteuse bien que répandue. La Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) y veillera en tout cas, à en croire Stéphane Giroux, son nouveau président.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

«C’est ce qui va retenir notre attention cette année, introduit-il. Nous sommes en train de préparer nos effectifs et de définir comment nous allons y participer. C’est complexe. Il y a tout un tas de règles légales auxquelles nous devons nous conformer. Nous consultons nos avocats. Ça demande des ressources.»

Des ressources pour être à l’affut de tout. Lorsque le nom du procureur en chef de la commission Bernard Amyot a été connu, c’est elle qui a soulevé des doutes sur son impartialité, faisant éclater au grand jour ses propos méprisant à l’égard des journalistes en général et de Patrick Lagacé en particulier, celui par lequel le scandale a éclaté. Une prise de position de la FPJQ qui a mené tout droit à la démission de M. Amyot.

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Depuis que les scandales d’espionnages ont éclaté en novembre dernier et l’annonce de la mise sur pied de la commission d’enquête, la principale organisation représentative des journalistes au Québec a monté plusieurs comités. Le but? Mettre en place une stratégie, définir quelles sont les attentes, discuter également avec les grands médias afin de partager la réflexion et maximiser l’impact.

«Il est probable que les médias tels que La Presse et Radio Canada soient représentés par leurs propres avocats lors de la commission, note-t-il. Comment la FPJQ compte-t-elle participer? Nous ne le savons pas encore. Ça reste à définir et c’est là-dessus que nous planchons.»

Mais la fédération sait cependant ce qu’elle attend de cet exercice. À court terme, faire toute la lumière sur ce qui s’est passé. Comprendre comment des juges ont-ils pu accepter si facilement et si systématiquement que des policiers puissent espionner des journalistes qui ne faisaient que leur travail.

«Car il s’agit bien de ça, souligne le journaliste aux affaires judiciaires pour le réseau CTV. Si on les avait soupçonnait de trafic de drogue ou tout autre crime, ce serait compréhensible, mais là…»

Loi 87

À plus long terme, la FPJQ souhaite que de ces débats et de cette réflexion sorte une véritable loi qui protégerait les sources journalistiques. Comme en Australie, comme en Nouvelle-Zélande, en Belgique ou dans quelques États des États-Unis.

«Mais on doute que cela fasse partie de la discussion», avoue le président, qui ajoute qu’il n’y a qu’à regarder du côté de la loi 87 nouvellement votée pour comprendre que le gouvernement ne souhaite pas véritablement protéger ceux qui décident d’aller parler aux journalistes.

«Dès la première mouture du projet de loi, nous sommes intervenus pour souligner que ce texte sensé protéger les lanceurs d’alerte, n’allait pas assez loin, précise-t-il. Il protège ceux qui vont parler à leur hiérarchie… alors même que c’est souvent d’elle dont ils ont à se plaindre. Et il retire toute protection à qui irait parler aux médias avant de se confier à la police. Le gouvernement a manqué une belle occasion de démontrer qu’il prenait au sérieux le rôle de chien de garde des journalistes.»

Accès à l’information

Autre dossier sur le bureau de la FPJQ cette année, la refonte des lois sur l’accès à l’information annoncée tant à Ottawa qu’à Québec.

«On en parle depuis plusieurs années, mais les gouvernements semblent dire que ce sera pour 2017, indique Stéphane Giroux. En espérant que ces nouvelles moutures tiennent la route, et qu’elles ne soient pas ce que sont devenues les anciennes à force d’ajouter toujours de nouvelles exceptions, à savoir des outils pour éviter la divulgation de documents.»

Un dossier d’autant  plus important alors que le monde entre dans une l’ère post-factuelle faite de «faits alternatifs» et où le mensonge et la vérité se côtoient sur la toile sans qu’il ne soit facile pour le quidam de faire la part des choses. Rien de tel que de pouvoir se baser sur des documents. Rien de tel aussi que de pouvoir assister aux événements. À ce sujet, la FPJQ continuera encore cette année à dénoncer toute entrave au travail des journalistes, notamment sur la scène municipale où plusieurs maires se sont illustrés ces derniers mois en fermant les portes des conseils municipaux aux représentants des médias.

«Dans un monde idéal, le ministre des affaires municipales présenterait une loi qui obligerait les maires à laisser les salles ouvertes, conclut M. Giroux. Mais il semble de ce soit un vœu pieux. On risque donc d’être encore très occupés par ce dossier cette année…»

(((Photo Twitter)))

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