Le Centre d’études sur les médias a 25 ans

Une année charnière pour le CEM, déjà marquée par l’arrivée d’un nouveau président en la personne de l’ex-directeur du quotidien Le Devoir, Bernard Descôteaux. Ce vingt-cinquième anniversaire est l’occasion d’organiser une grande conférence avec pour invité d’honneur le vice-président news de Google, Richard Gingras. Où il y sera bien sûr question de l’avenir des nouvelles à l’ère de la domination des agrégateurs.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

«L’idée, c’est de permettre un débat susceptible d’intéresser toute l’industrie des médias, explique le nouveau président. Il y sera question de l’impact de Google et des autres géants du web sur la survie de nos médias traditionnels et sur nos sources nationales d’information, aujourd’hui privées de moyens. Google et les autres jouent un rôle majeur dans la consommation de l’information. Le point de vue de Monsieur Gingras sera forcément pertinent pour alimenter notre réflexion autour des enjeux de la mutation de l’information.»

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D’autant que ces agrégateurs de nouvelles vers lesquels les sources de revenus traditionnellement réservées aux médias migrent, ont depuis quelques mois accepté de s’attaquer aux fausses nouvelles qui pullulent sur leurs pages aux côtés des nouvelles produites par les journalistes, et sans qu’il ne soit très aisé de faire la différence.

Une problématique qui fera forcément partie à un moment ou à un autre des sujets sur lesquels le Centre d’études sur les médias aura à se pencher, lui qui s’est toujours donné pour mission de demeurer au plus proche des préoccupations de l’industrie, tout en préservant son indépendance.

Car l’idée de départ, lancée en 1992 par celui qui présidait encore le Centre il y a quelques semaines et qui demeure au sein de son Conseil d’administration, Florian Sauvageau, était de créer un carrefour entre le monde des médias et les universitaires intéressés à ces questions, le tout au service du public. Aujourd’hui encore, son CA est d’ailleurs composé de quatre membres de l’industrie et de quatre chercheurs.

Maintenir les grands principes

«Au début, il n’y avait que les médias traditionnels, que l’on appelait pas encore comme cela d’ailleurs, rappelle Bernard Descôteaux. Durant toute la deuxième moitié du 20e siècle, de nombreux débats autour des médias et de la pratique du métier de journaliste ont traversé la société. La concentration de la presse a fait beaucoup parler jusque dans les années 2000 avec le rachat par Quebecor de Vidéotron, donc de TVA d’une part et par Gesca des quotidiens régionaux appartenant jusque-là à Unimedia. Et puis aujourd’hui, bien sûr, c’est l’avenir de l’information locale dans le nouvel environnement numérique qui s’impose comme sujet. Autant de thématiques sur lesquelles le Centre s’est penché et continuera à le faire.»

Contrairement à Florian Sauvageau, ex-journaliste devenu chercheur, Monsieur Descôteaux n’est pas un universitaire. Il n’a donc pas la prétention d’orienter les études, analyses et autres avis, et laissera plutôt cette charge à sa directrice, Colette Brin. Lui souhaite en revanche y mettre toute son expertise d’homme de médias et faire en sorte d’assurer la continuité du Centre. Plusieurs membres l’ont en effet quitté ces derniers mois, notamment son ex-secrétaire général, Daniel Giroux.

«Il y a toute une réorganisation à mener mais il ne s’agit pas du tout de faire table rase du passé, précise-t-il. Nous allons maintenir les grands principes et continueront à être au service du public et des producteurs d’information, tout en gardant notre indépendance.»

Un moment envisagée, le Centre  d’études sur les médias a écarté l’idée de mener des études commanditées afin de se financer. Il continuera plutôt à chercher des ressources du côté des fonds pour la recherche  et auprès des mécènes traditionnels comme le ministère de la culture et des communications.

En attendant de pouvoir constater quelle empreinte Bernard Descôteaux sera susceptible d’apposer sur le Centre, rendez-vous est donc donné à tous les passionnés d’information qui se sentent concernés par l’avenir des médias d’ici, le 13 avril prochain à l’hôtel Marriott Château Champlain pour entendre Richard Gingras.

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