Rencontre avec les médias : Éric Trottier, La Presse

Audace et optimisme marque notre discussion avec Éric Trottier, VP Information / Éditeur adjoint de La Presse.

Par Nadine Tousignant Chef, Relations avec les médias et les auditoires chez CNW Telbec (Article paru initialement sur le site de CNW)

Quel est votre but premier en tant que rédacteur en chef de La Presse?

J’ai deux buts premiers: le premier c’est qu’on cherche, tous les jours, à offrir aux lecteurs de La Presse+ la meilleure information qui soit, une information rigoureuse et exclusive, en profondeur, avec une analyse qui permet aux lecteurs de La Presse d’être bien équipés pour faire face aux défis de la vie moderne. Je veux que La Presse soit pertinente pour nos lecteurs. Que ce soit pour nous permettre de nous faire une opinion sur ceux qui nous gouvernent ou pour prendre les bonnes décisions pour notre prochain voyage.

Le deuxième but premier, c’est de trouver une solution aux problèmes de l’industrie des médias. On le sait, les médias traditionnels en arrachent tous en raison du transfert des revenus publicitaires chez Facebook ou Google et aussi en raison du non-renouvellement de leur lectorat ou auditoire. Nous espérons donc participer à une grande innovation de notre industrie afin de permettre aux médias de trouver un nouveau souffle. La Presse+ constitue un pas important dans la bonne direction. C’est un succès énorme de lectorat et d’engagement des lecteurs: nous enregistrons tous les jours plus de 255 000 ouvertures et chaque lecteur demeure dans l’application durant 40 minutes. C’est énorme! Un projet unique au monde, fait ici au Québec, qui redonne enfin de l’espoir aux médias d’information.

Décrivez-nous une journée typique…

Les journées commencent tôt mais surtout elles se terminent tard car les soirées sont souvent faites de lectures de textes et de décisions à prendre pour notre édition du lendemain. Entre les deux, on a 10-12 réunions par jour, 200 courriels, des dizaines de textes à lire… Sans compter les urgences imprévues qui arrivent inévitablement tous les jours. Disons que le métier de rédacteur en chef d’un média quotidien n’est jamais “a walk in the park“.

Comment les médias sociaux ont changé la pratique journalistique à La Presse?

On s’en sert beaucoup comme fils de presse, pour créer des contacts avec des sources et pour mettre en marché nos contenus. Ils sont devenus incontournables, même si aucun média social ne remplacera jamais une vraie salle de rédaction.

Des conseils aux responsables des communications? 

Oubliez le courriel envoyé à 250 journalistes en même temps: ils finissent la plupart du temps à la poubelle. Si vous voulez être efficace, personnalisez vos envois. Et je lis encore trop de communiqués mal écrits, sans lead clair. Ceux-là sont inutiles.

Un mythe que vous aimeriez débusquer?

Euh… Révéler l’origine du monde? Blague à part, pour ceux qui ne l’ont pas vu: allez voir Spotlight. On y retrouve toute la fougue et les valeurs à l’origine de notre métier de journaliste. Je rêve que La Presse trouve un scandale de cette ampleur, et permette ainsi à notre société de s’améliorer. Mais ça n’arrive pas tous les jours dans la vie d’un média.

Votre plus grand apprentissage?

Un de mes apprentissages des dernières années: à quel point un groupe est capable de s’adapter aux changements les plus spectaculaires (ou brutaux), malgré la résistance de certains individus. Et que le changement doit d’abord provenir des leaders. Je fais bien sûr référence à notre transformation sur tablette: je dois dire que nos journalistes ont été exemplaires dans ce projet. Mais je rencontre trop de dirigeants de salles d’information qui ont peur de procéder à une telle transformation parce qu’ils sont persuadés que leurs journalistes ne les suivront pas. Je leur dis sans cesse: arrêtez d’avoir peur de vos journalistes; ils veulent autant que vous trouver une solution aux problèmes que nous traversons.

Quel site consultez-vous en premier le matin?

La Presse+, ensuite les autres médias montréalais et torontois en version pdf; Twitter pour le reste du monde.

Café, bière, jus vert?

Les trois, préférablement mixés ensemble!

(((Photo La Presse)))