Le BEI souhaite collaborer avec les médias

C’est le message que la directrice générale du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), Me Madeleine Giauque,  souhaite faire passer aux journalistes. En entrevue avec Projet J, elle assure avoir pour maitre-mot, la transparence, même si la petitesse de son équipe ainsi que certaines obligations légales, ne lui permettront pas toujours de répondre à toutes les demandes des journalistes.

Par Hélène Roulot-Ganzmann @roulotganzmann

madeleine-giauque-350x233«C’est sûr que nous n’allons pas être un grand livre ouvert, indique d’emblée, Me Giauque. Nous devrons rester discret de manière générale sur l’identité des personnes impliquées. Il y a des choses que l’on ne peut pas sortir à n’importe quel moment pour ne pas nuire au bon déroulé de l’enquête. Nous avons des obligations à respecter notamment en matière de présomption d’innocence. Mais nous sommes également soumis à la loi sur l’accès à l’information et nous souhaitons vraiment travailler de concert avec les médias.»

Trois ans après l’annonce de sa création, le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) est officiellement entré en fonction le 27 juin dernier. Il est chargé d’enquêter sur le travail des policiers impliqués dans des évènements où des citoyens sont tués ou blessés. Des changements législatifs devraient également avoir lieu sous peu afin d’intégrer dans son mandat, tous les dossiers d’allégation d’inconduite à caractère sexuel impliquant des policiers, tels que ceux mis au jour il y a quelques mois par l’émission Enquête du côté de Val-d’Or.

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«Nous n’en sommes pas encore là, mais c’est certain que dans ce cas précis, la procédure sera différente. Il s’agira d’inconduite criminelle. Ce sera comme tout dossier en cours d’enquête par un corps de police, les médias ne seront pas au courant tant que des accusations ne seront pas portées.»

Au-delà de ces restrictions, Me Madeleine Giauque assure que tout sera fait pour que le public soit informé et cela, via les courroies de transmission que sont les médias et les journalistes. Tout un processus de communication a d’ailleurs déjà été mis en place.

Communication via Twitter

«Lorsqu’une enquête sera enclenchée, on va envoyer un tweet immédiat spécifiant l’endroit où l’équipe se rend et précisant que d’autres détails viendront via le site web, explique-t-elle. Une heure ou deux plus tard, le lien vers le site web sera fourni, toujours par Twitter, et quiconque pourra ensuite suivre l’affaire sur notre site, via cette page.»

Plusieurs moment ont été identifiés pour communiquer des informations. À chaque étape de l’enquête, à savoir la prise en charge du dossier, les rencontres de témoins, l’attente des expertises, l’analyse et la fermeture du dossier, et éventuellement les demandes de complément d’enquête, le bureau communiquera via sa page web.

«Les journalistes pourront bien entendu également faire des demandes d’entrevues. Nous avons deux attachés de presse, qui travailleront en semaine, durant les heures de bureau. En somme, nous allons collaborer avec les journalistes, poursuit-elle. Il faut juste qu’eux-mêmes aient bien conscience que nous sommes une petite équipe qui débute. Nous allons prendre nos marques et nous sommes d’ailleurs ouverts à toute suggestion de leur part.»

Alors que de plus en plus de corps policiers, au premier rang desquels le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), rendent leurs communications très opaques, la communauté journalistique attend beaucoup de ce nouveau Bureau d’enquêtes, fondé sur des valeurs de transparence. On saura ainsi dans les prochains mois si les gestes rejoignent la parole.

(((Photo : Le Journal de Montréal / Valérie Gonthier)))

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